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Apprentissages pour une économie féministe

Dans le cadre de la semaine d’action globale «Dehors le G20/FMI», s’est tenue le mardi 27 novembre l’Ecole de Économie Féministe: des récits et des résistances face au capitalisme financier et au pouvoir des entreprises.

Cette initiative a été impulsée par l’organisation Femmes pour un Développement Alternatif vers une nouvelle ère (DAWN, pour son sigle en anglais) et co-organisée par l’Association Argentine pour la Recherche en Histoire des Femmes et Études de Genre (AAIHMEG), AWID, ActionAid, l’Assemblée, Argentine meilleure sans ALE, l’Espace de l’Economie féministe de la SEC, Friedrich-Ebert-Stiftung-Argentina, Quimeras (DS), SOS Corpo Institut Feministe pour la démocratie (Brésil), la revue Intersecciones, CREES (UNQ), l’Assemblée NO al G20 et la Chaire universitaire Virginia Bolten.

Nous nous sommes donnés rendez-vous à l’Hôtel Bauen Coopérative de travail, pour continuer à visibiliser des espaces autogérés, coopératifs et collectifs dans nos réseaux régionaux et internationaux.

Depuis 1984, l’organisation DAWN construit et développe des programmes de recherche, d’analyse, de plaidoyer et de formation pour les féministes du sud. Parmi ses initiatives, elle impulse depuis plus de trois décennies des actions d’articulation et d’analyse et différentes initiatives de formation féministe qui contribuent aux luttes en faveur de la justice économique, écologique et de genre.

DAWN fait partie du Forum féministe contre le G20, aux côtés d’autres organisations politiques et sociales et de collectifs féministes, syndicaux et éducatifs, qui se sont organisés l’an passé, lors du Forum féministe contre le libre échange, à l’occasion de l’arrivée en Argentine de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 2017.

De cette expérience diversifiée, collective et internationale du Forum Féministe contre le Libre Échange, il est apparu la nécessité de réaliser des actions de formation féministe, de mobilisation et d’influence pour partager les analyses, à partir des pédagogies féministes qui apportent des clefs analytiques et méthodologiques aux activistes, dans le contexte de ces résistances dans un monde féroce. C’est ainsi qu’est née l’École de Économie Féministe, proposant de réfléchir sur les conditions du capitalisme financier global, sur la mainmise de l’entreprise, à l’économie digitale, au financement des politiques publiques, au futur du travail et aux expériences féministes de résistance contre le capitalisme, le patriarcat, le racisme et le fascisme.

L’École de Économie Féministe a pu compter sur la participation de doctorants chercheurs et doctorantes chercheuses issues de différents collectifs féministes et LGBTIQ, de syndicats et de réseaux internationaux de différents pays comme le Paraguay, l’Equateur, le Brésil, la France, le Kenya, l’Espagne, l’Uruguay et l’Argentine. Durant cette journée de travail, qui s’est déroulée du matin au soir en 5 blocs thématiques, a été mis en évidence le caractère productiviste et spoliateur de ce système économique, qui profite du travail des femmes, des bisexuelles, des lesbiennes, des travestis trans et non binaires, un travail précaire, mal payé et bien souvent non rémunéré, mais central pour soutenir le système et cependant complètement invisibilisé. Il a également été expliqué comment des nouveaux récits entourant le financement de l’accès aux biens et services masquent l’asphyxie des budgets publics par les flux financiers illicites.

Dans ce cadre, nous soulignons que le G20 ne promeut pas l’inclusion digitale, financière et professionnelle ni le développement rural (axes du groupe Women20, le groupe d’affinité des femmes du G20) mais qu’il instrumentalise nos luttes et nos concepts, en parlant de «perspective de genre» et d’ «empowerment» économique des femmes, alors que nous savons bien que le G20 et les politiques de libre-échange renforcent la financiarisation de l’économie, la mainmise de l’entreprise et l’accroissement des asymétries entre les pays, entre les sexes et entre le Nord et le Sud.

Nous disons «non», pas en notre nom, pas sans nos voix, pas sans la participation des peuples, des dissidences sexuelles et de toutes les communautés concernées.

Avec plus de 180 participants venues du monde entier, l’École de Économie Féministe s’est clôturée par un panel international qui a partagé des expériences démocratiques, économiques et féministes de résistance avec la conviction que nous sommes nombreux-ses, diverses et qu’il est indispensable de continuer à travailler ensemble et à internationaliser ce processus contre la précarisation de nos vies et la spoliation de nos territoires.

Si cette École de Économie Féministe nous a enseigné quelque chose, c’est que les thèmes de l’économie ne nous sont pas éloignés, que nous faisons de l’économie à chaque fois que nous organisons et que nous poursuivons ce/un travail non rémunéré chez nous et dans nos organisations. Nous avons beaucoup à apporter aux études portant sur l’économie et la politique. Nous sommes celles qui reproduisons la vie, qui prenons soin de nos corps et de nos terres. Ainsi, nous construisons nos stratégies pour que l’empowerment, l’accès à plus d’autonomie pour les femmes, ne soit pas seulement une coquille vide que nous imposent des agendas extractivistes. Depuis nos pluralités et nos expériences partagées, nous continuerons à miser sur des espaces de formation, de rencontre et de réflexion collective.

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